Insécurité et positivisme
Fondamental : L'insécurité comme moteur
Des politiques expliquent régulièrement qu'il y a une « demande » de surveillance pour justifier les installations. Si ces affirmations ne sont jamais corroborées par des enquêtes, on observe cependant un découplage du crime (en baisse générale depuis plusieurs décennies) et du sentiment d'insécurité (constant).
[Nos] résultats sont cohérents avec l'idée que les insécurités publiques liées à la criminalité agissent comme un mélange d'insécurités sociales plus larges liées aux conditions sociales et politiques. Les insécurités publiques liées à la criminalité sont associées non pas au niveau de criminalité d'un pays, mais plutôt au degré de sécurité sociale offert par l'État-providence.
Hummelsheim et al., 2011[2] (je souligne)
Fondamental : La science comme carburant
Le techno-solutionnisme s'accompagne d'une évacuation des risques et/ou de l'inefficacité.
Pour que cette activité techno-pragmatique, le développement de ce techno-savoir soient sociologiquement possibles, pour que l'entreprise, avec ses coûts généralement immenses et non rationnellement justifiables [...] soit financée, pour qu'elle attire des jeunes gens doués, qu'elle accumule autorité et prestige et que les risques de toute sorte qu'elle engendre demeurent socialement refoulés, il faut présenter au public une certaine image de la science moderne [...]. Cette image est celle d'une marche triomphale d'où [les] incertitudes théoriques intérieures à la science et [les] questions de fond relatives à son objet et à son rapport à la société doivent à tout prix être évacués.
Fondamental : Le marché comme étincelle
L'inefficacité des dispositifs de surveillance est interprétée comme un manque de perfectionnement, ce qui participe à pérenniser les débouchés industriels.
Les dispositifs installés sont présentés comme affectés par des limitations irréparables qui ne peuvent être résolues que par le retrait et le remplacement par une meilleure version de la même technologie (par exemple, des caméras dont les performances en basse lumière, la résolution, la puissance de l'objectif, etc. ne sont pas satisfaisantes) [...].
Les caméras de surveillance [...] sont victimes de leur propre succès, car elles sont universellement considérées comme des dispositifs efficaces de réduction des risques. Leur pouvoir est presque axiomatique parce qu'ils correspondent parfaitement à la compréhension spontanée de la surveillance par « l'homme rationnel » (Leman-Langlois 2006, 2008). En même temps, ils sont manifestement imparfaits car les questions de sécurité continuent de préoccuper même après l'installation de réseaux de pointe – ouvrant ainsi un créneau qui pourrait être occupé par le marché en pleine explosion des technologies d'amélioration des caméras. Étant donné que la plupart des réseaux récents sont basés sur le protocole Internet (IP) et informatisés, un nombre infini de nouveaux logiciels et matériels de contrôle, d'analyse et de stockage peuvent être conçus et commercialisés.