Introduction
Les démarches d'ingénierie soutenable dominantes sont plutôt orientées optimisation et quantification, surtout a posteriori (ex : ACV), une approche de lowtechisation sera orientée évaluation qualitative et a priori ; il y a complémentarité.
Adresser la complexité et la systémique
Complexité
Définition : Complexité
Non réductible en sous éléments sans perte d'intelligibilité
Non appréhendable globalement
Non modélisable
Non prévisible
Sensibilité forte aux hypothèses
Mécanismes dynamiques (rétro-action, auto-organisation...)
Exemple : Irrationalité des acteurs
Exemple : Multiplicité de paramètres inter-dépendants (systémique)
Complexité et écologie
Fondamental :
Les questions écologiques sont complexes car :
systémiques,
long-termistes,
planétaires.
Exemple : Ordinateur ou voiture ? (ou vélo ?)
Un ordinateur :
ne rejette pas de CO2 au moment de son usage,
sur le lieu de son usage,
c'est donc a priori une piste intéressante pour remplacer certains déplacements en voiture (actes administratifs par exemple).
Mais il faut :
rembourser la "dette de carbone" (ce que coûte la production et la destruction),
tracer les conditions de production de l'électricité utilisée,
sur une longue durée,
dans différentes situations dans le monde,
...
Sans parler :
des paramètres sociaux (littératie numérique, coût, dépendance...),
des alternatives (transports en commun, vélo, suppression du besoin à l'origine...)
...
Rappel : Limites du solutionnisme
Les "solutions" sont réductrices, elles ne peuvent englober tous les paramètres, donc on a des "surprises".
Rappel : Limites de l'optimisation
Optimiser sur tous les plans est difficile (voire impossible).
Systémique et impact environnemental
Remarque :
On parle beaucoup aujourd'hui du coût "carbone", de dé-carbonner, mais il y a d'autres coûts environnementaux aussi importants (limites planétaires) avec des rétro-actions systémiques (l'affaiblissement d'un paramètre entraîner la baisse d'autres paramètres).
Exemple :
Un objet électronique qui consomme moins va coûter des minerais, de l'eau, de la biodiversité, il est difficile de comparer un gain carbone avec une perte biodiversité.
Exemple :
Exemple :
Complexité et pari
Fondamental : En situation de complexité il n'y a pas de solution, il n'y a que des paris
On n'est pas en mesure de prédire avec certitude ce que les choix que l'on fait vont produire dans l'avenir, donc c'est toujours une situation de pari.
Attention : Décider en situation de pari ne veut pas dire décider au hasard
Fondamental : Prendre une bonne décision en situation de pari fait appel à la raison et au collectif
On expose de la façon la plus claire et réfutable possible les hypothèses et pistes proposées et les conséquences anticipées.
On débat de façon transparente et on décide collectivement.
On remet en cause dynamiquement les décisions prises en fonction des observations réelles, du décalage aux prévisions, des changements d'objectifs collectifs.
Attention : Pari et alternative
Pour qu'il y ait une situation de prise de décision il faut qu'il y ait au moins une alternative crédible.
En "trouvant des solutions" on maintient des modes de fonctionnements qui peuvent être problématiques par ailleurs là où il faudrait pouvoir questionner les modèles induits (économiques par exemple).
Attention : Composer ou s'opposer ?
Idéalement, on a envie de composer et de miser sur plusieurs chemins possible ; il a du techno-solutionnisme désirable par exemple (médecine, culture...) et de la lowtechisation évidente (publicité, finance...).
Mais la composition entre lowtechisation et techno-solutionnisme renvoie à des façons de voir le monde différentes qui ne sont peut-être pas composables.
Évaluation qualitative et réflexive a priori
Rappel :
Fondamental :
qualitative
réflexive
a priori
Outil « Paris »
Méthode :
Proposez une liste de paris que permet de poser votre projet et imaginez les conséquences selon que le pari est gagné ou perdu.
On formule des conséquences quantifiées (environnementales, énergétiques, économiques...).
Remarque :
En posant des chiffres, même très approximatifs, même si on se trompe :
on auto-évalue la pertinence de notre action (on se fait une idée de ce qu'on pense gagner),
on pose les bases d'un dialogue rationnel (qui peut consister à remettre en cause ces chiffres).
Exemple : Vélo elliptique producteur d'électricité
Pari n°1 : 75% des utilisateurs du vélo elliptique de la salle de sport de l'UTC vont accepter d'utiliser le mode production d'électricité.
Pari réussi :
75% * 50 personnes par jour = 37.5 * 75 W * 1 h = 2812,5 Wh * 365 jours = ~100kWh / an (permet d'alimenter 1 serveur de faible puissance intermittent, cf étude...)
37.5 personnes sensibilisées parlent avec 10 personnes chacune = ~350 personnes sensibilisées (cf objectif...)
...
Pari manqué :
Dysfonctionnement du serveur (cf pari n°2)
Coût de l'équipement électrique du vélo perdu : 200€ (cf étude...)
...
Méthode :
Proposez des plans d'action associés à vos paris pour aider à leurs réussites et/ou anticiper les problèmes potentiels.
Méthode : ACV de « coin de table »
Pour évaluer les impacts on aura « envie » de faire une ACV, mais cette analyse sera en général difficile à faire car elle est coûteuse, a fortiori dans un contexte de conception et donc d'imprécision.
On pourra se doter d'estimation ou à travers des «ACV de coin de table » très simplifiées qui s'inspireront d'autres études déjà réalisées sur des produits comparables et s'articuleront autour de calculs simples (règles de trois...).
Identifier les postes d'impact (rejet de CO2, consommation d'énergie, impact sur la biodiversité...) qui paraissent a priori les plus concernés par votre produit à partir de votre connaissance de l'état de l'art.
Identifier les phases du cycle de vie associées.
Essayer de dimensionner "à gros grain" les gains relatifs (par rapport à une solution alternative) et/ou les impacts absolus que l'usage de votre produit produirait.
Attention :
On proscrit les qualifications imprécises : « plus » « moins » « beaucoup » « pas beaucoup »
Complément :
Complément :
Études de coûts
Études de faisabilité technique
Étude de performance
...
Effets indirects
Effets directs et effets indirects
Rappel : ACV (Analyse du Cycle de Vie)
L'ACV a pour fonction de mesurer l'impact environnemental d'un produit tout au long de son cycle de vie.
Définition : Effets directs (effets de premier ordre)
Impacts environnementaux et/ou sociaux liés à une technologie sur l'ensemble de son cycle de vie.
les effets indirects désignent une grande variété d'effets qui peuvent être positifs et/ou négatifs d'un point de vue environnemental.
Définition : Effets indirects (effets de deuxième et troisième ordre)
Impacts et opportunités avérées ou potentielles générées par le développement de technologies via le changement des modalités de consommation ou de production des objets et services liés plus ou moins directement à ces technologies.
Attention :
Les effets indirects ne sont pas mesurables par des ACV.
Les effets indirects ne sont pas (ou mal) adressés par les démarches centrées sur l'optimisation
Effets visés
Définition : Efficience directe (effet direct)
Dans une démarche d'amélioration les effets directs dont généralement positifs (si le projet est correctement mené) :
réduction de l'empreinte environnementale sur les paramètres choisis,
amélioration des conditions d'utilisation,
...
Exemple :
L'intégration d'une nouvelle génération de microprocesseur plus léger (moins consommateur de ressources) et moins consommateur en énergie à l'usage
Définition : Efficience indirecte (effet indirect)
Modification de la valeur (en général un gain) de paramètres liés au fait que l'usage de la technologie est amélioré.
Exemple :
Un réseau plus rapide permet de rester connecté moins longtemps pour une même quantité d'information.
Définition : Substitution (effet indirect)
Modification de la valeur (en général un gain) de paramètres liés au fait que la technologie est utilisée à la place d'une autre (plus coûteuse sur les paramètres étudiés).
Exemple :
La communication par visio-conférence évite des déplacements en voiture.
Exemple :
Le smartphone permet de remplacer plusieurs autres équipements plus consommateurs en énergie (agenda électronique, tablette, télévision, lecteur de musique...)
Définition : Induction
Les effets induits sont les effets générés par les autres technologies directement liées à la technologies considérées.
Exemple :
Pour faire fonctionner des smartphones il faut des antennes émettrices d'ondes.
Attention : Transitivité de l'induction
Calculer les impacts induits est souvent complexe car, par transitivité : « les technologies de mes technologies sont mes technologies ».
L'induction est parfois plutôt considérée sous l'angle des effets rebonds pour cette raison.
Ce qui n'est pas prévu (effets indirects de deuxième ordre)
Paradoxe de Jevons (1965)
Dans l'objectif de maîtriser la consommation du charbon :
on améliore les technologies d'extraction,
on améliore l'efficacité des machines à vapeur...
Et on produit ainsi, par effet rebond, une hausse de la demande qui conduit à une hausse de la consommation.
Définition : Effet rebond
L'optimisation (économie, performance...) d'un objet ou d'un service entraîne en général un accroissement de la consommation marginale de cet objet ou service et un accroissement de son usage.
On observe donc :
une augmentation de consommation (d'énergie, de matière première, etc.)
quand les limites liées à une technologie sont repoussées (coût, accès, facilité de création...)
grâce à des améliorations ou des gains d'échelles (recherche, organisation, usage...).
Fondamental : Accroissement de la puissance technique
Les effets d'optimisation de la machine sont directement réinvestis en ajouts techniques qui suppriment les économies attendues.
Exemple :
La miniaturisation des composants électroniques entraîne une explosion de leur utilisation au lieu d'une diminution de consommation en matières premières.
Exemple :
De plus grandes performances dans la transmission d'information amène une augmentation des communications (évolution ADSL/fibre, par exemple).
Fondamental : Accroissement de la surface fonctionnelle
En améliorant le rendement d'une machine on diminue son impact marginal mais on multiplie l'usage de ce type de machine ce qui conduit à l'augmentation du coût global.
Exemple :
Les smartphones consomment moins que des ordinateurs personnels mais sont devenus plus nombreux.
Exemple :
Une solution cloud de stockage de données permet mutualiser les moyens informatiques dans des data centers proposant un faible PUE (Power Usage Effectiveness) ; en contrepartie, une forte demande d'intégrité et d'accés amène une duplication ou triplication du matériel, et pour économiser l'énergie et limiter les pannes, les data centers remplacent leurs serveurs bien avant leur fin de vie.
Ce qui n'est vraiment pas prévu (effets indirects de troisième ordre)
Définition : Effet rebond indirect
L'économie est réinvestie dans la consommation d'autres produits problématiques.
Exemple :
La facilité et le bas coût des transports et des technologies de l'information a amené des délocalisations sur toute la planète, augmentant considérablement les transports de biens et les échanges et modifiant en profondeur les habitudes de vie.
Exemple :
L'économie réalisée par une meilleure isolation thermique des bâtiments professionnels est réinvestie dans l'achat de matériels informatiques supplémentaires.
Exemple :
Le projet de développement de la voiture autonome affaiblit la recherche dans la direction d'alternatives comme le train (ce qui rend l'alternative moins efficace à son tour).
Outil « Effets rebonds »
Fondamental : Objectif
Imaginer les effets rebonds qui se manifesteront lorsque les produits conçus seront utilisés et proposer des plans d'action pour lutter contre les effets non souhaités.
Méthode : Effets directs visés (effets de premier ordre)
Quels sont les bénéfices directs qui sont attendus de mon produit (efficience directe) ?
Méthode : Effets indirects visés (effets de second ordre)
Quels sont les bénéfices indirects qui sont attendus de mon produit (efficience indirecte, substitution, induction positive...) ?
Méthode : Effets indirects non souhaités à court terme (effets de second ordre)
Dans 3 ans mon produit s'est développé, quels effets indirects de second ordre peuvent se manifester (substitution manquée, induction négative, augmentation de la puissance, de la quantité d'objets...) ?
Méthode : Effets indirects non souhaités à moyen terme (effets de troisième ordre)
Dans 10 ans mon produit s'est généralisé, quels effets indirects de troisième ordre peuvent se manifester (économie réinvestie, changement des modes de vie...) ?
Méthode : Plan d'action
Proposer des plans d'action pour lutter contre les effets indirects non souhaités identifiés.
Conseil :
Pour chaque type d'effet mentionné proposez un exemple concret.
Greenwashing (ou l'art de parler des impacts environnementaux sans preuve)
Greenwashing
Fondamental :
Le greenwashing est l'opposé d'une démarche honnête et rationnelle de mesure d'impact.
Pour le détecter il est nécessaire de disposer d'une bonne connaissance de l'état de l'art des méthodes et études existantes.
Définition : Greenwashing
Le greenwashing consiste à donner une image écologique à une marque, entreprise, un objet ou un service en
mentant,
cachant la vérité
ou faisant des allégations non-vérifiées
à propos de bénéfices environnementaux.
7 péchés du greenwashing
Compromis caché
Absence de preuve
Imprécision
Non pertinence
Moindre mal
Faux écolabel
Mensonge
Exemple : Péchés de compromis caché (voire de mensonge)
Négligence : imprécision et absence de preuve
Définition : Imprécision
Prétention vague ou floue.
Exemple :
Notre produit est vert et il préserve l'environnement...
...sans définition des termes « vert » ou « préserve l'environnement ».
Définition : Absence de preuve
Prétention non étayée par une information facile à trouver et digne de confiance.
Exemple :
En utilisant notre produit vous réduirez de 10% votre empreinte carbone...
... sans lien à des études qui le montre et expliquer pourquoi et comment (principe de réfutabilité)
Manipulation : compromis caché, non pertinence, moindre mal
Définition : Compromis caché
Prétention ne considérant qu'un nombre restreint d'attributs et en occultant le reste.
Exemple :
Nos appareils électriques sont économes en énergie...
... en ne parlant que de la consommation à l'usage et en occultant la partie fabrication et fin de vie.
Définition : Non pertinence
Prétention exacte mais inutile ou insignifiante.
Exemple :
Nos produits sont en conformité RoHS (Restriction of Hazardous Substance)...
... ce qui est obligatoire en Europe pour être commercialisé.
Définition : Moindre mal
Prétention exacte, mais sur une catégorie de produits globalement nocifs.
Exemple :
Nos cigarettes au tabac biologique sont moins mauvaises pour la santé...
... cela aura un impact sur les producteurs de tabac, mais pas ou très peu sur les fumeurs.
Mensonge : Faux écolabel et autres mensonges
Définition : Faux écolabel
Utilisation de labels internes à l'entreprise peu contraignants et non délivrés par un organisme tiers.
Exemple : Faux écolabels dans le domaine du numérique
Label GreenIT de Fujitsu Siemens
Labels EcoGreenIT et ECOSustainability de NEC
...
Définition : Mensonge
Prétention fausse.
Outil « Les 7 péchés du greenwashing »
Méthode : 7 péchés du Greenwashing
Passez les arguments soutenabilité, responsabilité et convivialité du projet au crible de la grille des 7 pêchés ; énoncer les risques de "pêcher".
Méthode :
Imprécision
Absence de preuve
Compromis caché
Non pertinence
Moindre mal
Faux écolabel
Mensonge
Empreinte fantôme
Définition de l'empreinte fantôme
Rappel : Se doter d'une posture critique
Cela n'a pas de sens d'être contre la technique, mais on peut la critiquer.
La machine engendre et s'appuie sur la dépossession de savoir-faire qui disjoint la technique du corps humain.
Il y a industrialisation (abstraction de l'organisation du travail) avant l'arrivée des machines.
Le dispositif matériel stabilise cette abstraction.
la machine engendre et s'appuie sur la dépossession de savoir-faire qui disjoint la technique du corps humain ;
plus l'empreinte d'une machine augmente plus son effet potentiellement délétère sur le travail humain augmente.
Définition :
L'empreinte fantôme désigne l'ensemble des liens qu'une machine tisse avec le reste du monde.
Méthode : Évaluer l'empreinte fantôme
Quelle surface socio-environnementale une machine impacte-t-elle ?
Quelles sont les matières travaillées par la machine ?
Avec quelle facilité peut-elle être appropriée ?
Laisse-t-elle ou pas la place aux savoir-faire individuants ?
Est-elle compatible avec les rythmes culturels de ses opérateurs ?
Laisse-t-elle de la place pour une diversité de “chemins” disponibles ?
Qu'est ce que la machine empêche de se développer par ailleurs ?
...
Exemple : Le pain
Quand on industrialise la production du pain on reconfigure l'ensemble du milieu socio-technique.
Exemple : Numérique
Empreinte fantôme de l'électronique est importante : on a besoin d'accéder à ce qui est à l'échelle du globe pour produire de tels objets.
Abstraction de la nature
Fondamental :
Quand on a plus besoin de faire avec les contraintes du milieu, on ne fait plus avec.
Exemple : La climatisation et le chauffage
Ces systèmes ont un impact direct sur le changement climatique (par l'énergie qu'ils consomment)...
... mais de plus ils rendent ce changement plus abstrait en découplant notre rapport à la température du climat.
« Qu'il fasse plus chaud ou plus froid n'impactera pas notre mode de vie ! »
(étudiant·es IS03 P2003)
Exemple : Comment les citadins ont perdu le lien avec le printemps
« L’attention aux saisons est modifiée par le mode de vie urbain, qui y est indifférent. On vit dans des environnements aux températures constantes, où chaque produit est disponible en toute saison dans les supermarchés. »
Hortense Chauvin, 2023. reporterre.net
Mythe de la transition
Historiquement il n'y a eu que des additions : une technologie n'en remplace pas une autre, mais s'y ajoute.
Exemple : On n'a jamais remplacé le bois...
Années | Charbon | Pétrole | Gaznat. | Electricité | Biomasse |
1800 | 7 | 298 | |||
1850 | 45 | 438 | |||
1900 | 480 | 25 | 5 | 581 | |
1950 | 925 | 505 | 153 | 29 | 545 |
1960 | 1252 | 1030 | 374 | 59 | 608 |
2000 | 2116 | 3542 | 2026 | 465 | 1096 |
Exemple : Avec ou sans-fil...
Le développement des technologies sans-fil (Wifi, 5G...) est concomitant d'un accroissement du déploiement de « fils » : la fibre, les câbles sous-marins...
Le projet est pharaonique, écrit AfricaNews : doter le continent africain d’un câble sous-marin, 2Africa, de 37 000 kilomètres de long. [...] Parti de Grande-Bretagne, 2Africa va ceinturer l'Afrique d'ici 2023/24, terminera sa longue course au Moyen-Orient, en passant par 16 pays du continent africain, et sera l'un des plus grands câbles sous-marin de la planète. [...] 2Africa facilitera le déploiement de la 4G, de la 5G et de l’accès haut débit fixe pour des centaines de millions de personnes.
2Africa, un nouveau câble sous-marin pour « ceinturer l'Afrique » ; NectInpact, 2020. https://www.nextinpact.com/lebrief/70338/le-cable-sous-marin-2africa-fait-marseille-7e-hub-internet-mondial
Prolétarisation
Fondamental :
Travailler c'est se produire soi-même en produisant le monde
Définition :
« La prolétarisation est, d’une manière générale, ce qui consiste à priver un sujet (producteur, consommateur, concepteur) de ses savoirs (savoir-faire, savoir-vivre, savoir concevoir et théoriser). »
Exemple :
Selon William Morris (XIXe), le plus grand crime du capitalisme est d'avoir rendu le travail chiant.
Exemple :
Les artisans du XVIIIe gèrent leur temps.
Exemple : Prolétarisation
Dépossession du savoir-faire de l'artisan (celui-ci est nécessaire pour tel agir technique avant la machine, plus après)
Changement de rapport de force entre capital et travail (l'ouvrier est substituable au contraire de l'artisan qui incorpore un savoir-faire)
Cycle de vie et consommation
On invente la mort des objets
Obsolescence technique
Obsolescence culturelle (mode)
Exemple :
Trier et recycler c'est accepter ça et c'est donc (aussi) un geste de perpétuation de cet état.
Remarque : Empreinte fantôme et ACV
L'ACV rate le non quantitatif (il y a des choses in-quantifiables) ;
L'ACV rate le social, une machine a une empreinte qui structure le rapport au monde ;
L'ACV intègre (et donc ne peut pas remettre en cause) la mort des objets.
Dépendance à la technique
Autonomie technique
Autonomie technique : chacun peut configurer son espace technique ;
Perte d'autonomie : les fonctions sont déterminées en amont.
Exemple : Facebook pour l'université
Toutes les informations sur les événements qui se produisent au sein d'une université sont communiquées via Facebook :
qui s'impose comme moyen de communication,
qui impose son format de communication,
qui empêche des alternatives d'exister ou de co-exister,
qui impose un modèle de société (la consommation via la publicité par exemple),
...
Dépendance au sentier
Les décisions prises à un instant t dépendent des décisions prises à t-1
Exemple :
La voiture a restructuré les villes
L'ordinateur restructure les services publics
Le smartphone restructure la communication
...
Outil « Empreinte fantôme »
Fondamental :
L'objectif est d'explorer l'empreinte fantôme des produits visés.
Méthode : 1. Choix des axes
On initialise un pad avec tout ou partie des 5 axes d'analyse (ceux qui sont considérés).
Syntaxe :
# Cycle de vie
# Abstraction de la nature
# Dépendance à la technique
# Mythe de la transition
# Prolétarisation
Conseil : Listes imbriquées en markdown
On préférera un pad en markdown plus facile à maintenir pour la gestion de listes imbriquées.
Méthode : 2. Choix des critères
À chaque axe d'analyse on accroche des critères jugés pertinents dans le cadre du projet.
Exemple :
# Cycle de vie
* Réparabilité (versus remplacement)
* Compostabilité (versus production de déchets)
* Durée de vie (versus obsolescence programmée)
* Usage de matériaux locaux (versus matériaux venant de loin)
* Usage d'énergies locales (versus énergies de réseau)
* Usage de savoir-faire locaux (versus délocalisation)
* Coopération propriétaire-producteur-utilisateur (versus compétition)
* ...
# Abstraction de la nature
* Révélation des fonctionnements naturels (versus offuscation)
* Respect des contraintes naturelles (versus affranchissement)
* Articulation avec les apports naturels (versus remplacement)
* Disponibilité des matières mobilisées (versus rareté)
* Disponibilité des énergies mobilisées (versus rareté)
* Régénération des ressources (versus dégradation)
* ...
# Dépendance à la technique
* Compréhension du fonctionnement (versus complexité)
* Facilité d'utilisation
* Liberté d'usage et de reproduction (versus propriété intellectuelle et brevet)
* Disponibilité de documentation et formation
* Configurabilité (versus fonctions prédéterminées en amont)
* Indépendance vis-à-vis d'autres systèmes techniques pour être créé et pour fonctionner (versus dépendance)
* ...
# Mythe de la transition
* Incitation incitation des utilisateurs à soutenir la substitution (versus résistance)
* Incitation des entrepreneurs à soutenir la substitution (versus résistance)
* Incitation des décideurs politiques à soutenir la substitution (versus résistance)
* Mise en évidence d'autres techniques problématiques (versus adaptation à)
* Confrontation à d'autres techniques problématiques (versus articulation avec)
* Participation à la sortie d'une dépendance au sentier (versus nouvelle voie)
* ...
# Prolétarisation
* Amélioration du rapport au plaisir dans le travail (versus dégradation)
* Amélioration des conditions de vie des producteurs (versus dégradation)
* Respect des rythmes culturels et des libertés des travailleurs (versus obligation de travailler)
* Respect des rythmes culturels et des libertés des utilisateurs (versus obligation d'usage)
* Création d'activités souhaitables (versus délétères)
* Destruction d'activités non souhaitables (versus souhaitables)
* Développement des savoir-faire (versus dépossession)
* Gain de connaissances (versus perte)
* Répartition de la valeur (versus captation par une minorité)
* Maîtrise des moyens de production (versus dépendance)
* ...
Méthode : 3. Choix des propriétés
À chaque critère on accroche des propriétés des produits qui ont une influence sur le critère.
On annote chaque propriété :
[+] : influence positive grâce au processus de lowtechisation
[=] : pas d'influence du processus de lowtechisation
[–] : influence négative à cause du processus de lowtechisation
Exemple :
# Cycle de vie
* Réparabilité (versus remplacement)
* 100% des éléments peuvent être changés par l'utilisateur final [+]
* La modularité des éléments changeables est forte (aucun module ne fait plus de 10g) [+]
* Compostabilité (versus production de déchets)
* La partie plastique est recyclable (10% du poids) [=]
* Les composants électroniques ne sont pas recyclables à 90% [--]
...
Méthode : Carte mentale de synthèse
Une fois le travail terminé on peut peut réaliser une carte mentale de synthèse avec
au centre le produit
en périphérie les axes d'analyse qui ont été considérés
puis les critères choisis
et enfin des mots-clés représentant les propriétés (on pourra adopter un code couleur vert/noir/rouge à la place de annotations +/=/–)
Exercice
Attribution des rôles
1 animateur gère la distribution et le temps de parole.
1 secrétaire prend des notes.
1 rapporteur écoute, suit la prise de notes et restitue les notes à l'oral à la fin.
Les autres proposent des éléments de réponse à la question à tour de rôle.
Une fois le tour fini, s'il reste du temps on peut engager une discussion plus libre.
Questions
En lien avec votre domaine d'activité actuel ou futur, proposez quelques exemples qui montrent en quoi les problèmes écologiques sont complexes.
Proposez, sur la base d'un exemple en lien avec votre domaine d'activité actuel ou futur, un exemple d'effet direct.
Proposez, sur la base d'un exemple en lien avec votre domaine d'activité actuel ou futur, un exemple d'effet indirect.