Notion de communs : entre privatisation et nationalisation

FondamentalAu-delà des marchés et des États : la gouvernance polycentrique des systèmes économiques complexes (Elinor Ostrom, 2009)

Pour les jurés du prix, sa contribution porte sur « la mise en cause des points de vue traditionnels en montrant comment des propriétés locales peuvent être gérées avec succès par les habitants sans privatisation ni régulation par des autorités centrales ».

Les économistes ont longtemps et unanimement pensé que les ressources naturelles partagées et ouvertes seraient surexploitées et détruites à terme. Elinor Ostrom a prouvé qu’il n’en était rien par des études de terrain sur la façon dont les communautés locales géraient les réservoirs communs de ressources tels que les prairies, les zones de pêche ou les forêts. Elle a montré que lorsque des utilisateurs étaient présents simultanément, au fil du temps des règles s’établissaient sur la meilleure manière de protéger et d’utiliser ces ressources de façon à la fois économiquement et écologiquement soutenable.

Ostrom, 2021[1]

Alternative à l'entreprise capitaliste et à l'état centralisateur

Nous assistons à une amplification d’un grand mouvement de mainmise et d’accaparement de tout ce qui subsiste encore en dehors de la sphère privée. Les entreprises multinationales, suivies par les États, qui ont tendance à ne voir l'avenir qu’au prisme du succès des entreprises mondiales issues de leur territoire, continuent à penser le monde comme s’il était en expansion permanente, et pour cela mettent sous coupe réglée ce qui leur échappe encore.

Le Crosnier, 2015[2] (pp15-17)

Décentralisation et autonomie

Ainsi s'élabore des gouvernances « polycentriques » hors des mécanismes de marché ou de la régulation étatique, sur la base de communautés qui génèrent leurs propres règles de gouvernement.

[...]

Laisser les acteurs se concerter et passer contrat entre eux aboutira le plus souvent à des situations plus robustes et mieux acceptées que si l’on laissait faire le marché ou que l’on donnait la main à l’État.

Benjamin Coriat, en préface de Ostrom, 2021[1]

Communs versus individus, territoires et propriété

Produire, agir et réfléchir en commun est certainement le plus ancien mode d’activité des humains. Mais ce sont pourtant les individus-personnages, la conquête territoriale et la propriété qui tiennent le devant de la scène historique.

Le Crosnier, 2015[2] (pp15-17)

Communs et gestion effective

Ce n'est que lorsque la gestion des ressources d'un CPR[3] est assurée de manière conjointe par les membres de la communauté et que cette gestion garantie l'accès partagé à la ressource que le CPR devient un « commun ».

Benjamin Coriat, en préface de Ostrom, 2021[1]

Communs et exploitation de la Terre

Une approche politique des communs doit prendre en charge les divers types de biens dont le partage, la préservation et l’usage collectif accompagnent la vie quotidienne. Cela concerne au premier chef les communs matériels ou fonciers que la nature accorde aux passagers temporaires de la planète Terre que nous sommes.

Le Crosnier, 2015[2] (pp15-17)

Communs et numérique

Avec l’émergence du numérique et les modes de construction collaborative de l’internet, les communs de la connaissance prennent une importance majeure qui a permis une prise de conscience de l’enjeu du partage des savoirs, de l’immatériel.

Le Crosnier, 2015[2] (pp15-17)

Communs et pratique sociale coopérative

Mais ce qui apparaît plus important encore, c’est de mesurer, par delà les différences de nature des ressources communes concernées, combien est essentielle l’activité sociale des humains qui créent, maintiennent, défendent et partagent ces ressources. C’est cette pratique sociale coopérative, et les formes de gouvernance qui peuvent lui être associées qui constituent le moteur principal des communs.

Le Crosnier, 2015[2] (pp15-17)