De la mécanisation de l'activité intellectuelle à la numérisation de l'information
Le travail intellectuel n'est pas constitué que d'actes de pensée créatifs, il est également caractérisé par des des actes de pensée répétitifs, tels que la manipulation des textes : les chercher, les comparer, suivre les références, les archiver.
For the [repetitive thought] there are, and may be, powerful mechanical aids. (Bush, 1945)[1]
Exemple : Mécanisation du travail intellectuel
Le Memex est une bibliothèque mécanisée, dont l'organisation est personnelle selon la façon de qu'à son utilisateur de manipuler les textes, de penser. En cela elle est un instrument de mécanisation du travail intellectuel.
Consider a future device for individual use, which is a sort of mechanized private file and library. It needs a name, and, to coin one at random, "memex" will do. A memex is a device in which an individual stores all his books, records, and communications, and which is mechanized so that it may be consulted with exceeding speed and flexibility. It is an enlarged intimate supplement to his memory. (Bush, 1945)[1]
La mise en nombre d'énoncés textuels permet de généraliser les principes de la mécanisation par le calcul.
Il s'agit dès lors d'une mécanisation des expressions signifiantes. ( Bachimont, 2007, p26[3]).
Exemple : Codage numérique des expressions signifiantes
La vision de Bush s'articule avec le travail de Gödel. En 1931 afin de démontrer son théorème d'incomplétude, celui-ci a posé un système permettant de coder sous forme de nombre n'importe quel énoncé.
( | ∃ | x | ) | ( | x | = | s | y | ) |
8 | 4 | 11 | 9 | 8 | 11 | 5 | 7 | 13 | 9 |
Fondamental : La généralisation de la mécanisation via la codification
Tout code peut être traité mécaniquement et tout énoncé est codable, donc les moyens et produits du travail intellectuel sont mécanisables.
Le numérique est homogène :
« de mêmes principes s'appliquent a tous les objets numériques »
( Bachimont, 2004[5])Le numérique est universel :
« tout contenu et toute connaissance peuvent recevoir une expression numérique »
( Ibid.[5])
Le numérique et l'ordinateur constituent un procédé technique général qui permet la mécanisation de tout travail intellectuel. Cela ne signifie pas que ces traitements sont équivalents à la pensée, ni que penser se réduit à ces traitements.
Mais, en revanche, cela signifie que nos actes de pensée s'inscrivent dans cet environnement mécanisé et s'en trouvent profondément affectés.
Complément :
De la mécanisation de l'activité intellectuelle à la numérisation de l'information sur Aswemay ( Crozat, 2015[6])