Conseils pour un contenu utile
Cette page est un complément du cours sur la rédaction scientifique axé pratique pour vos projets.
Situer les gens cités
Fondamental :
Chaque personne, moi, vous, a une parole située. Aucun effort ne permet d'éviter définitivement des biais cognitifs. Par ailleurs, les mots n'ont pas le même sens dans la bouche de différentes personnes ; par exemple les grilles de lecture d'un·e sociologue et d'un·e experte en machine learning sont différentes.
Méthode :
C'est à vous de juger à quel point il est pertinent de présenter les personnes que vous citez. Il y a un compromis à trouver pour ne pas noyer le propos, et c'est notamment là que votre travail est précieux.
Vous pouvez par exemple indiquer le parcours des auteurs ou autrices, leur poste, leurs sujets d'intérêt antérieurs, les éventuelles entreprises/associations/think tank où iels interviennent, etc.
Au final, on doit avoir une idée des possibles points aveugles des gens que vous citez.
Synthétiser et critiquer
Dans les articles scientifiques, on trouve très souvent une partie « Discussion ». Elle comporte en général :
Une synthèse des idées et résultats présentés dans les parties précédentes ;
Une comparaison avec les publications existantes ;
Une prise de recul : y-a-t-il des angles morts non-traités ou des biais identifiés ?
Une ouverture : que serait-il intéressant de se poser comme question ensuite ?
Dans vos productions, vous devez prendre le même recul, que ce soit pour critiquer une source ou bien vous-même.
Biais de confirmation
Attention :
Il est normal d'avoir un a priori sur la plupart des sujets. Un piège classique est de ne chercher que des sources qui confirment cet a priori. Ce piège est renforcé quand ce n'est pas conscientisé.
Par exemple, si on pense qu'une technologie est dangereuse pour la démocratie, on pourrait chercher dans la littérature en utilisant systématiquement le mot-clé « danger ».
Mais il existe peut-être des recherches qui en montrent l'innocuité.
Méthode :
Ne pas utiliser systématiquement des mots clés péjoratifs (danger) et mélioratifs (bénéfices) ; penser aux mots moins marqués comme « effets ».
Contrôler la qualité des sources
Fondamental :
Pour plusieurs raisons (hasard statistique, injonctions à publier, etc.), il est extrêmement probable que vous trouviez un article qui « prouve » précisément ce que vous souhaitez démontrer, ce qui peut renforcer le biais de confirmation.
Méthode :
Posez-vous les questions suivantes :
L'auteur·ice a-t-iel des conflits d'intérêt ?
Dans le cas d'une étude expérimentale, l'échantillon est-il petit ou mal construit ?
La méthodologie est-elle faible (pas de groupe contrôle, pas de double aveugle, etc.) ?
Dans le cas d'un sujet très étudié, est-ce la seule étude qui semble aller dans ce sens ?
L'auteur·ice affirme-t-iel des choses « fortes » sans citer d'études (exemple : « le télétravail diminue l'impact écologique ») ?
L'auteur·ice donne-t-iel des chiffres non sourcés ?- Y-a-t-il une bibliographie fournie ?
L'article a-t-il été relu par des pairs experts du domaine ?
Conseil :
Utiliser les mots-clés « méta-analyse » ou « revue systématique » (meta-analysis et systematic review en anglais). Ces sources, si elles existent, font la synthèse des connaissances existantes et examinent le niveau de de preuve des études réalisées sur le sujet.
Reformuler, pas décrire
Attention :
Essayer de s'approprier et de digérer ce que les autres disent plutôt que de décrire ce qu'ils disent. Concrètement c'est la différence entre :
X décrit ensuite les différents avantages et inconvénients du permacomputing du point de vue de l'efficacité et de l'adoption.
et
Si le permacomputing est efficace du point de vue énergétique, il reste cantonné à un public éduqué et privilégié (X, 2023, p. 22).
Vous voyez la différence ? Le premier est un méta-discours (décrire le discours), l'autre est une synthèse (dire le discours).
Écrire pour les autres
Fondamental :
Votre parcours scolaire a peut-être eu tendance à récompenser la production de contenus touffus, écrits sur le mode de la conviction, avec beaucoup de remplissage (introduction, conclusion, phrases de liaison...).
En WE01, ces éléments seront a priori source de méfiance : au lieu de chercher à convaincre, il faut chercher à donner le plus de possibilité aux lectaires de vous donner tort.
Méthode :
Citez vos sources efficacement : soit vous paraphrasez une idée importante, soit vous incorporez des citations courtes, mais toujours en lien direct avec votre sujet.
Chaque mot doit être pensé. Tout ce qui vous semble vague est à supprimer (même dans le doute).
N'écrivez pas d'introduction et de conclusion si vous n'avez rien pas d'inspiration : elles doivent apporter quelque chose.
À chaque fois que c'est possible, soyez précis·es et donnez du contexte à vos énoncés.
Exemple :
Les métadonnées permettent aux organisations de restructurer leurs réseaux et d'adapter leurs stratégies en permanence, favorisant ainsi l'innovation et la création de valeur.
Les protocoles blockchain ont le potentiel de remodeler les dynamiques sociales et politiques en offrant des mécanismes de gouvernance plus transparents, résilients et inclusifs.
Ces phrases sont tirées de publications scientifiques et ont été citées telles quelles en WE01. Sans davantage de précisions, elles n'éclairent pas la personne qui les lit.
Rester accessibles
Fondamental :
Vos productions s'inscrivent dans un cadre d'éducation populaire et de vulgarisation.
Vous devez donc définir les concepts abordés et les acronymes qui ne sont peut-être pas connus du grand public, quitte à utiliser une métaphore (attention toutefois à ne pas sur-simplifier).
Pour cette même raison, votre production doit être compréhensible sans consulter les sources. Relisez vous du point de vue d'un·e lectaire novice et imaginez si le propos est limpide sans consulter les sources.
Une autre façon de tester votre production est de la faire lire à un·e néophyte et de voir si iel capte.
Conseil :
Votre production doit vous donner envie de la lire. Si vous vous ennuyez en la lisant, enlevez les passages superflus.