Aux origines de la pensée low-tech : une critique de la technique
Réalisé à partir de « Un ingénieur low-tech est-il possible ? » ( Choplin, 2022[1]).
Fondamental : Aliénation de l'homme et domination de la nature
Deux critiques souvent solidaires (qui s'alimentent) et parfois contradictoires (qui s'opposent) :
critique de la technique parce que c'est un instrument de destruction de la nature ;
critique de la technique parce que c'est un système aliénant l’humain.
L'exploitation de la nature met en danger le monde du vivant et par conséquent l'humain qui en fait partie
« L'omnipotence depuis longtemps désirée d'une façon toute prométhéenne est effectivement devenue nôtre, même si ce n'est pas sous la forme espérée. Puisque nous possédons maintenant la puissance de nous entre-détruire, nous sommes les seigneurs de l'apocalypse. »
Günther Anders, L'Obsolescence de l'homme (1956)
« La physique moderne n’est pas une physique expérimentale parce qu’elle applique à la nature des appareils pour l’interroger, mais inversement : c’est parce que la physique – et déjà comme pure théorie – met la nature en demeure de se montrer comme un complexe calculable et prévisible de forces que l’expérimentation est commise à l’interroger, afin qu’on sache si et comment la nature ainsi mise en demeure répond à l’appel. »
Martin Heidegger, La question de la technique (1954)
En développant la technique pour exploiter la nature, l'homme devient esclave d'un système technique qui l'exploite à son tour
« Désormais, exister équivaudrait à exploiter la nature ; mais dans le tourbillon de cette entreprise qui se dévore elle-même, ne se maintiendrait aucun point fixe. Le promeneur solitaire qui flâne à la campagne avec la certitude de s'appartenir, ne serait, en fait, que le client d'une industrie hôtelière et touristique livré, à son insu, aux calculs, aux statistiques, aux planifications. »
Emmanuel Lévinas, Difficile liberté (1963)
« La soumission de la nature destinée au bonheur humain a entraîné par la démesure de son succès, qui s'étend maintenant également à la nature de l'homme lui-même. »
Hans Jonas, Le Principe responsabilité : une éthique pour la civilisation technologique (1979)
Fondamental : La posture low-tech
Pour lutter contre ces deux tendances :
redonner de l'autonomie à la nature sur la technique et sur les humains ;
redonner de l'autonomie aux humains sur la technique.
Remarque :
Accroître le pouvoir des humains sur la technique sans accroître leur pouvoir sur la nature est peut-être contradictoire ?