La face industrielle des GAFAM
Remarque : Les GAFAM et les industriels sont fortement couplés
Les grandes plateformes fournissent des services numériques (Cloud) dont l'utilisation dimensionne les infrastructures sous-jacentes, et donc la commande aux industriels (pas nécessairement de la surveillance).
Remarque : Les GAFAM construisent et opèrent des infrastructures
Les géants du numériques (Amazon, Google, Microsoft) ne louent pas de serveurs à des opérateurs d'infrastructures (comme OVH en France). Ils construisent et opèrent des datacenters en propre. Aucun chiffre officiel n'est donné, et les estimations les plus rigoureuses ont plus de 10 ans ; elles parlaient déjà de plusieurs millions d'ordinateurs.
Exemple : Les datacenters de Google
Google opère plus de 100 datacenters ( datacentermap.com[1]).
Google a été l'un des pionniers des entrepôts de données et des infrastructures logicielles adaptées aux échelles Cloud. Nos équipes conçoivent et construisent l'ensemble de l'infrastructure matérielle et logicielle de Google. Les équipes d'ingénieurs assurent la sécurité, l'efficacité et la fiabilité des systèmes à l'échelle planétaire de Google, notamment son réseau planétaire, son infrastructure de pointe pour l'apprentissage automatique (ML) et son accélérateur vidéo pour YouTube.
Google, bien que sous-traitant à TSMC, le quasi-monopole de semiconducteurs, conçoit en propre du matériel spécialisé.
Les ingénieurs et les chercheurs de Google ont été les pionniers [des larges infrastructures]. L'étroite collaboration entre les ingénieurs en logiciel, en matériel, en mécanique, en électricité, en environnement, en thermique et en génie civil a permis de créer certains des ordinateurs les plus impressionnants et les plus efficaces au monde.
Exemple : Google et l'Internet
Google installe et possède (intégralement ou en partie) des câbles sous-marins.
Liste des câbles compilés via Francois, 2018[6], Stowell, 2018[7], Fontaine, 2020[8], Quigley, 2023[9], wikipedia.org[10].
Fondamental : Les GAFAM louent leurs infrastructures
Google Cloud, spécialisé dans l'IA
Amazon Web Services, de l’infrastructure aux services (IA, BDD, « server-less », etc).
Microsoft Azure, similaire à AWS mais moins développé
Fondamental : Les GAFAM forment l'infrastructure numérique des industriels
Il est ardu d'estimer la dépendance aux infrastructures (VPN, DNS, CDN, protection DDOS, load-balancers, SGBD, stockage...). Néanmoins :
Les services en ligne sont très dépendants aux infrastructures des GAFAM ( Kumar et al., 2023[11]) ;
Les industriels ne communiquent généralement pas sur leurs infrastructures, mais les GAFAM font la promotion de solutions dédiées aux industriels ( aws.amazon.com[12]).
Exemple : Thales et Amazon, un partenariat solide
À travers les communications destinées aux investisseurs, on peut avoir une idée des liens entre industriels et GAFAM.
En migrant d’ici 2024 une grande partie de son informatique vers le cloud public, l’entité Identité et Sécurité Numériques (DIS) de Thales estime pouvoir diviser par cinq sa consommation électrique par rapport à la partie cloud privé de son système d’information actuel. Un gain significatif mais qui n’est que le début de la trajectoire vers l’informatique responsable.
L'entité DIS est précisément la branche chargée de la surveillance.
Nos technologies de gestion des identités et de protection des données permettent aux banques d’échanger des fonds, aux voyageurs de franchir des frontières, à l’énergie de devenir plus intelligente, et plus encore. Plus de 30 000 organisations comptent d’ores et déjà sur les solutions Thales pour vérifier les identités des personnes et des objets, autoriser l’accès à des services numériques, analyser de vastes quantités d’informations et crypter des données.
Par ailleurs, ces évolutions soulèvent de nouvelles questions éthiques, et des décisions devront être prises sur la manière de collecter, stocker, partager et utiliser les données individuelles.
Chaque société saura tirer ses propres conclusions, mais il ne fait aucun doute que les systèmes AFIS et ABIS fourniront un appui précieux aux forces de l'ordre dans leurs efforts pour rendre nos sociétés plus sûres et déférer en justice tous ceux qui menacent la sécurité et le bien-être des citoyens respectueux de la loi.
Un an plus tard, « Thales s’allie à Google Cloud pour offrir aux organisations des capacités avancées de détection et de réponse aux cyberattaques » ( thalesgroup.com³[16]).
Exemple : Briefcam
Briefcam, société israélienne, vend de la VSA (Vidéo Surveillance Algorithmique) à destination des services de police ou de renseignement.
En 2015, les forces de l'ordre ont acquis, en secret, un logiciel d'analyse d'images de vidéosurveillance de la société israélienne Briefcam. Depuis huit ans, le ministère de l'intérieur dissimule le recours à cet outil qui permet l'emploi de la reconnaissance faciale.
D'après des documents internes au ministère de l'intérieur obtenus par Disclose, les forces de l'ordre utilisent les systèmes de Briefcam depuis 2015, dans le plus grand secret. Le logiciel […] permet de traquer une personne sur un réseau de caméras grâce, par exemple, à la couleur de son pull. Il peut également suivre un véhicule à l'aide de sa plaque d'immatriculation ou examiner plusieurs heures de vidéos en quelques minutes.
Milestone (Canon), la maison mère, recommande de déployer Briefcam sur AWS ( doc.milestonesys.com[17]).
Exemple : Veesion, Microsoft, Google et Amazon
Veesion, start-up française, vend de la VSA aux commerces pour détecter les vols (Leclerc, Carrefour, G20, Système U, Biocoop, Kiabi, Fnac...).
Ainsi, le logiciel va, par exemple, détecter le bras d’un individu qui saisit un produit dans « l’objet » rayon et pourra donc déterminer si le bras se dirige ensuite vers le sac à main. Si l’article disparaît du champ de vision, une alerte sera remontée. [...] Quand une suspicion de vol est détectée par l’algorithme, une alerte remonte en temps réel sous forme d’une courte vidéo (un gif) envoyée sur le téléphone du vigile au travers de l’application Telegram.
Les infrastructures utilisées par la start-up comportent Azure (Microsoft), Google Cloud Platform et AWS ( welcometothejungle.com[19]).
Fondamental : Pile et face
La tendance des industriels et des États à utiliser les infrastructures des GAFAM pour opérer la surveillance découle d'un mouvement en trois temps :
Les GAFAM ont développé du matériel et des data-centers spécifiques pour contenir à bas coûts l'explosion de l'utilisation de leurs services ;
Ces infrastructures ont en partie été ouvertes au public, ce qui a entraîné une seconde explosion de déploiement matériel ;
La puissance de calcul et la capacité de stockage rapportés au coût sont aujourd'hui inégalés, poussant les applications fonctionnant sur du big-data et des calculs (comme la surveillance) sur leurs infrastructures.
Exemple : Health Data Hub : échec de souveraineté
En 2019, l'État français lance une plateforme visant à centraliser l'intégralité des données de santé. Microsoft remporte l'offre, quand bien même elle est soumise au droit américain (et donc au Patriot Act puis au Cloud Act).
Saisie, la CNIL démissionne amèrement, notamment au motif qu'il n'y a pas de prestataire français répondant aux exigences techniques.
La Cnil réitère ses regrets que la PDS [le Health Data Hub] ne dispose toujours pas à ce jour d'un prestataire susceptible de répondre à ses besoins tout en protégeant les données du SNDS contre les accès des autorités publiques d'Etats tiers. [...] Elle rappelle avoir autorisé le 21 décembre 2023 l’entrepôt "EMC2" hébergé via la solution technique de la PDS en considération des assurances de cette dernière et du gouvernement qu’une solution, fût-elle temporaire, serait rapidement trouvée pour assurer un hébergement souverain.