Lowtechisation et ingénierie
Fondamental : Problématique
Est-il possible d'articuler des approches orientées lowtechisation avec les métiers de l'ingénierie ?
Définition : Ingénierie
« Ensemble des fonctions allant de la conception et des études à la responsabilité de la construction et au contrôle des équipements d'une installation technique ou industrielle. »
Définition : Ingénieur·e
Personne dont le métier est de concevoir et/ou organiser la fabrication d'objets et/ou de services :
L'ingénieur est en prise directe avec la technique.
L'ingénieur est en prise avec l'industrie.
C'est une activité professionnelle.
Fondamental : Hypothèses
On ne peut pas se passer de la technique, la technique n'est pas mauvaise, l'ingénieur est celui qui sait faire de la technique, donc on ne souhaite pas se passer de l'ingénieur.
Il est possible et nécessaire de réfléchir aux techniques que l'on développe et à leurs finalités.
Hypothèse de complémentarité high-tech / low-tech
L'ingénieur contemporain est « orienté high-tech » or on ne devrait pas miser exclusivement sur celles-ci pour adresser les problèmes sociaux et environnementaux.
Une approche orientée lowtechisation est complémentaire lorsque l'approche high-tech pose plus de problèmes qu'elle n'en résout.
Complémentaire est ici à entendre au sens de :
un ingénieur qui compose : les approches traditionnelles et la lowtechisation s'ajoutent pour forger un ingénieur plus polyvalent dans ses approches ;
un ingénieur qui choisit : les approches se confrontent pour forger un ingénieur capable de se positionner sur différentes trajectoires socio-techniques.
Attention : Tension ingénierie / lowtechisation
Il y a néanmoins tension entre les deux approches, elles ne reposent pas sur les mêmes méthodes et ne visent pas les mêmes objectifs a priori.
Attention : Tension ingénierie / politique
Décider qu'une direction technologique pose plus de problèmes qu'elle n'en résout relève du politique mais doit être éclairé par un débat technico-scientifique.
Hypothèse d'évaluation réflexive
L'ingénieur devrait intégrer systématiquement
une dimension d'évaluation réflexive de ses réalisations techniques (techno-logique)
afin d'appréhender la co-constitutivité humain-technique en général
et négocier les tensions inhérentes à la lowtechisation en particulier.
Intégrer systématiquement signifierait se doter de méthodes et outils pour évaluer l'impact social et environnemental de ses réalisations :
a priori : anticiper les impacts à venir (évaluation essentiellement qualitative) ;
pendant la réalisation : affiner les anticipation et faire des mesures quantitatives de laboratoire ;
a posteriori : mesurer les impacts réels une fois les technologies déployées (sur le court, moyen et long terme).
Attention : Tension direction / déterminisme
L'humain peut agir sur la direction technique, des choix individuels et collectifs sont possibles ; mais il n'est pas possible de maîtriser cette direction de façon déterministe.
Cette posture s'oppose à deux postures déterministes :
Déterminisme humain (la technique est neutre, donc penser la question technique n'est pas essentiel).
Déterminisme de l'ingénieur : Celui qui construit les objets décide (l'ingénieur démiurge fabrique le monde technique selon sa volonté).
Déterminisme du social : Le politique et/ou le socio-économique (les utilisateurs, la demande, le besoin...) décide (l'ingénieur n'est qu'un rouage esclave de ces décisions).
Déterminisme technique : l'évolution technique est autonome (donc on ne peut rien faire).
Attention : Tension constituant / constitutive
L'humain est un être technique, les techniques agissent sur lui (et son rapport du monde) ; on ne peut donc penser les techniques que dans un contexte lui-même technique.
Complément : La lowtechisation se définit par l'existence d'une tendance high-tech
En ce sens, elle ne la nie pas, mais cherche à s'y adosser pour faire exister la possibilité d'une alternative.
« C'est à dire que si on lutte contre une tendance, en tant que cette tendance aurait tendance à devenir hégémonique (et de fait, toute tendance tend vers l'hégémonie contre une autre hégémonie), et si on y oppose une contre-tendance, il faut savoir que la tendance contre laquelle on lutte est la condition de la tendance pour laquelle on lutte. »