Entre désertion et résignation (contribution)
Alexandre Grothendieck effrayé des effets potentiels de ses travaux dans le contexte du risque nucléaire notamment annonce en 1972 au CERN qu'il a « abandonné toute espèce de recherche scientifique » ( Grothendieck, 1972[1]).
Plusieurs élèves de grandes écoles ont également manifesté ces dernières années leur désir de déserter le champ de l'ingénierie.
Conférence donnée par Alexandre Grothendieck (mathématicien, médaille Fields en 1966) au CERN en 1972.
Rejeter le rejet de la technique (des no-techs aux nos-techs)
Ces postures de refus sont :
compréhensibles (la vitesse et l'ampleur des déploiements techniques modernes rendent la pratique critique vertigineuse) ;
et utiles (elles jouent une fonction d'alerte fondamentale).
Pour autant cette posture n'est pas généralisable :
Rejeter la technique c'est en fait accepter la technique des autres, une technique qui construit un monde sur lequel on n'a pas de prise, qu'on ne peut plus que subir.
Nous avons une obligation d'héritage : les ordinateurs, les centrales nucléaires, les routes, les tonnes de plastique ou de polluants existent et exigent des actions techniques pour être traité, démantelés, fermés.
Fondamental :
Vouloir participer à la construction de techniques alternatives (faire)
Exemple : Campagne Contributopia de Framasoft (Dégoogliser ne suffit pas)
Créer et proposer des outils
Transmettre les savoir-faire
Inspirer les possibles
Complément : Résister au déterminisme technique (croire qu'il est possible d'agir intentionnellement)
Le discours technocritique peut également, paradoxalement, conduire à une forme de résignation devant une technique devenue si déterminante, si autonome, que les humains ne pourraient plus rien faire. Les partisans les plus enthousiastes de la technicisation du monde peuvent mobiliser cet argument. L'évolution high-tech est inéluctable, donc, dans un geste nietzschéen, on n'a le choix que de l'aimer et de se fondre dans le mouvement.