La fiction comme antidote

DéfinitionUtopie

Mot forgé par l'écrivain anglais Thomas More, titre de son livre L'Utopie, du grec οὐ-τόπος / ou-tópos, « en aucun lieu ». Représentation d'une société idéale, opposée aux sociétés réelles imparfaites.

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DéfinitionEutopie

Littéralement « lieu du bon ». Relativement ignoré ou confondu jusqu'alors, le mot gagne une signification particulière depuis les années 1960.

Je propose de voir dans l’eutopie un « virtuel positif possible », c’est-à-dire une construction utopique « réaliste », mimétique, qui donne la sensation de vraisemblance et de plausibilité, et dans l’utopie (dans le sens restreint) un « virtuel positif impossible », une construction utopique « fantastique », métaphysique, qui fait le saut dans l’incroyable, dans l’extraordinaire.

Braga, 2006[1]

DéfinitionSolarpunk

Le solarpunk propose une vision optimiste d'un avenir durable, interconnecté avec la nature et la communauté, à la lumière des préoccupations des luttes intersectionnelles du début du XXIe siècle, non seulement au sujet de l'environnement, à l'égard du changement climatique et de la pollution, mais aussi des inégalités sociales et des intolérances et discriminations sociales (de genre, sexistes ou ethniques).

Wikipédia

AttentionUne classification aux bords flous

Ici on considérera le solarpunk comme un sous-genre d'eutopie.

FondamentalHéritage

Pour éviter de retomber dans l'utopie, il faut se préoccuper de l'héritage d'un capitalisme industriel destructeur arrêté juste à temps.

11. Our future must involve repurposing and creating new things from what we already have. Imagine “smart cities” being junked in favor of smart citizenry.

13. Solarpunk wants to counter the scenarios of a dying earth, an insuperable gap between rich and poor, and a society controlled by corporations. Not in hundreds of years, but within reach.

21. In Solarpunk we’ve pulled back just in time to stop the slow destruction of our planet.

Manifeste Solarpunk[2]

Exemple2060

L'extrait qui suit embrasse particulièrement le manifeste Solarpunk.

Lou protagoniste vit à l'Amourereraie et a entrepris un long voyage à vélo avant la Torpeur, sorte de mega-mega-caninule annuelle. Ėl retrouve son adelphe. La narration est à la deuxième personne, contée par ses covives de l'Amoureraie.

Tu retrouves l'adelphe dans une casa de la grande ville, appartement dans un îlot d'immeubles, du XXe réaménagé du temps de Solar City puis retapé dans le style Parasol (générant cet étrange - mais harmonieux - mélange de bioplas et de bois flotté). La terrasse ouvre, au loin, vers la ligne de mer, lumineuse et floue, où des vents humides, des cris de mouettes planent dans un ciel immobile au-dessus des routes devenues plages et des maisons devenues sable. L'adelphe te reçoit avec les bras ouverts sur les années passées, nombreuses déjà. L'Amourereraie n'est pas loin pourtant, mais... monter un chameau, prendre le train, le cycle... jusqu'à chez nous, c'est un voyage déjà ; et chacun, et chacune... tisser un couple, prendre soin de l'enfant, puis de la deuxième. Et ėls vivent en trèfle désormais : deux parentz et deux marmailles. Plus la casa, les permanences au dépôt, l'atelier deux fois par semaine, et puis le syndic de l'immeuble, du quartier, et même un tirage pour participer à l'assemblée de l'Alimentaire, l'année passée... de quoi remplir une bonne vie, tranquile, ėl te raconte à l'ombre de sa vigne (en train de crever, mais personne n'y peut rien, plus d'eau, trop de soleil... le syndic a envoyé chercher des plants plus résistants, cultivés sur l'autre rive). [...] L'adelphe te dit que l'ancienne autoroute vers l'est est impraticable : les relations avec les communautés de là-bas se sont trop dégradées, trop de mépris filé par les ans... Des « contributions aux travaux » ont été prélevées auprès de pêcheurz et voyageurz.

Tu t'inquiètes : « Prélevées par qui ? Par des couzâmes ? » L'adelphe fait la moue.

Je n'ai pas trouvé beaucoup d'infos sur le Reslove, je crois qu'un article est en cours de rédaction, mais pour l'instant j'ai entendu tout et son contraire. On veut croire que ce sont les Vertis [hiérarchistes], mais... à force d'être en friction et d'accueillir la Défense, ç'aura peut-être dégénéré de notre côté ? Les zones frontières fatiguent toujours, tu imagines, devoir surveiller tes stocks, tes champs, fermer tes portes, faire la douane tout le temps, vivre avec des armes...

Possoz, 2025[3] (p. 68-70)

ExempleBibliographie

  • Ateliers de l’Antémonde, éd. Bâtir aussi. Sorcières. Paris: Cambourakis, 2019.

  • Chambers, Becky. L’espace d’un an. La dentelle du cygne. Nantes: l’Atalante, 2016.

  • Chambers, Becky. Un psaume pour les recyclés sauvages. La Dentelle du Cygne. Nantes: l’Atalante, 2022.

  • Collectif. Les Utopiennes, des nouvelles de 2043. La mer salée., 2023.

  • Le Guin, Ursula K. Les Dépossédés. Le Livre de Poche, 2006.

  • Possoz, Elio. Les mains vides. La Volte, 2025.

  • Morel Darleux, Corinne. Alors nous irons trouver la beauté ailleurs. Libertalia., 2023.